Le Barreau du Nouveau-Brunswick tient à souligner que le territoire sur lequel nous nous trouvons fait partie des terres ancestrales non cédées de Wǝlastǝkewiyik / Wolastoqiyik [wool-los-toe-wee-ek] (Malécite), Mi’kmaq / Mi’kmaw [[meeg-ma]] et Peskotomuhkati [pes-ko-tom-uh-ka-ti] (Passamaquoddy). Ces Nations autochtones et leurs territoires, qui constituent de nos jours les provinces maritimes, le Nord-est du Maine et la côte de Gaspé, sont régis par les « Traités de paix et d’amitié » élaborés et signés par les Mi’kmaq/ Mi’kmaw [meeg-ma], Wǝlastǝkewiyik / Wolastoqiyik [woollos-toe-wee-ek] (Malécite) et Peskotomuhkati [pes-ko-tom-uhka-ti] (Passamaquoddy) avec la Couronne Britannique au 18e siècle. Les traités n’abordaient pas la cession des terres et ressources, mais ils reconnaissaient plutôt le titre Mi’kmaw, Wəlastəkwey / Wolastoqey et Peskotomuhkati, et définissaient les règles de ce qui allait devenir une relation continue entre les nations.
Le Barreau du Nouveau-Brunswick reconnaît la souffrance et le déchirement que vivent actuellement les communautés L’nu (autochtones) causés par la récente découverte des restes de 215 enfants au pensionnat de Kamloops. Nous offrons nos sincères condoléances et notre sympathie pour cette atrocité. Nous reconnaissons que cette découverte et la réaction des provinces du Canada préciseront davantage le traitement des populations autochtones du Canada.
En tant qu’avocats, nous sommes dans une position privilégiée. Nous avons donc la responsabilité de faire entendre notre voix lorsque des injustices sont commises. Une des plus grandes injustices commises au Canada est, et continue d’être, le traitement des Premières Nations de ce territoire. Ces injustices se sont manifestées dans diverses lois et politiques, dont entre autres la création et l’implantation des pensionnats autochtones et des externats autochtones. Ces injustices ont aussi été aggravées par l’absence de responsabilisation de la part des individus et des institutions, qui ont systématiquement commis et permis les abus et les crimes contre les enfants des Premières Nations de ce territoire.
Nous du Barreau du Nouveau-Brunswick reconnaissons le besoin d’enquêter sur tous les pensionnats autochtones et les externats autochtones à la grandeur du Canada, et nous demandons aux gouvernements provinciaux et fédéral de fournir le financement qui permettra de mener ces enquêtes. Nous reconnaissons aussi que ces enquêtes doivent être dirigées par des autochtones, et être communautaires, centrées sur les survivants et sensibles aux réalités culturelles.
Nous du Barreau du Nouveau-Brunswick demandons également aux gouvernements provinciaux et fédéral de mettre en œuvre les Appels à l’action énoncés dans le Rapport de la Commission de vérité et de conciliation (CVR). De nombreux survivants ont présenté, devant la Commission (CVR), des témoignages qui ont révélé les nombreux décès survenus dans ces pensionnats. À ce moment-là, des enquêtes auraient dû être menées, comme cela a été le cas pour les crimes de guerre.
Aucune réconciliation n’est possible tant que la vérité ne sera pas connue. Les populations autochtones et les colonisateurs doivent connaître le véritable héritage concernant le traitement des peuples autochtones au Canada. C’est uniquement à ce moment-là que le processus de guérison pourra commencer.